Dans une édition de Libé il y a une douzaine de jours, je suis tombée sur cet article qui m’a laissée un peu circonspecte. Autant je comprends que l’échec scolaire des garçons est un problème d’éducation sur lequel il faut forcément se pencher pour éviter des dérives violentes décrites dans l’interview de Jean-Louis Auduc, mais j’ai du mal à épouser la vision de notre société de l’auteur de l’essai « sauvons les garçons ».
A le lire, on croirait que nous vivons dans un société où règne un féminisme triomphant et où les filles sont bombardées de modèles de réussite de leurs semblables qui les encouragent à les imiter. Tout ceci pendant que les hommes ne disposeraient plus d’équivalents masculins auxquels se référer, tout particulièrement dans l’univers scolaire.
Si les avancées ont été énormes depuis une quarantaine d’années, que les choix de vie des femmes se sont considérablement élargis et qu’il est vrai qu’elles sont nombreuses dans un secteur comme l’enseignement, je n’ai pas le sentiment que les hommes soient lésés et que « la féminisation a gagné tous les secteurs d’activité » comme l’avance Jean-Louis Auduc. Surtout lorsque l’on compare les statistiques de traitemment homme/femme dans l’entreprise. Si l’on en croit ce rapport datant de l’été dernier par exemple, la part des femmes dans les conseils d’administration des 500 premières sociétés f rançaises n’est que de 8% et dans les entreprises de 10 salariés ou plus, la rémunération brute moyenne des femmes est inférieure de 27% à celles des hommes.
Alors, sauver les garçons oui, mais encourageons-les avant tout à vivre dans une saine concurrence avec les filles à l’école, et attachons-nous également à ce que toutes ces bonnes élèves qui leur « cassent le moral » au point que la violence devient chez eux un exutoire, obtiennent ensuite dans l’enteprise les postes et les rémunérations qui correspondent à leurs compétences et à leurs efforts.